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BINUH, un nouveau mandat malgré l’échec de sa dernière mission

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Le vendredi 15 juillet 2022, le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé le mandat du Bureau Intégré des Nations unies en Haïti pour une durée d’une année qui prendra fin le 15 juillet 2023. Tandis que le BINUH n’est même pas en mesure de présenter son propre bilan des neuf derniers mois de sa présence en Haïti. Par contre, si le BINUH n’a pas de bilan, les événements qui se sont déroulés durant cette période impliquent des questions importantes… La nouvelle décision de prolonger le mandat du BINUH est-elle juste ? Haïti, a-t-elle son avantage dans cette nouvelle prolongation ? 

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À l’issue d’une séance qui rappelle la dernière décision prise par l’ONU, il y a 9 mois, l’organisation a encore une fois, en dépit des tensions qui régnaient entre la Chine et les États-Unis, prolongé le mandat du BINUH qui avait visiblement échoué à sa dernière mission.

En effet, un simple coup d’œil sur les 9 derniers mois de la présence du BINUH en Haïti peut vous aider à y voir plus clair dans le jeu de l’ONU et à mettre en évidence des éléments de réponse aux questions précédemment posées. Mais, de prime abord, il faut considérer la publication de Linda Thomas-Greenfield, il y a neuf mois sur le réseau Twitter qui avait établi les objectifs du BINUH qui sont de soutenir les institutions démocratiques et planifier les élections, renforcer l’état de droit et promouvoir la stabilité en ce moment critique. Un bref rappel de la mission du BINUH depuis le 25 juin 2019.

Contrairement à ce qu’affirmait madame Thomas-Greefield, ces neuf mois n’ont rien apporté de concret à Haïti. Le BINUH n’a visiblement obtenu aucun résultat et n’a présenté aucun compte-rendu des réalisations visées par ses objectifs. Contrairement à ce qui a été présenté, la situation d’Haïti s’empire malgré la présence du Bureau intégré des Nations Unis en Haïti. Aucune vraie démarche n’a été entreprise dans le cadre de la réalisation des élections, fait qui met plutôt l’accent sur un autre point de l’objectif du BINUH sur le renforcement de l’état de droit et de la promotion de la stabilité en Haïti.

Au cours de ses neuf mois, le BINUH n’a été qu’un témoin impotent face à l’insécurité et le kidnapping qui s’accroissent quotidiennement et la police manque sérieusement d’encadrement et de professionnalisme ; la justice, définitivement, s’incline à genoux, le Parquet de Port-au-Prince est devenu un fidèle client du cambriolage et un mois après le dernier cambriolage en mai 2022, le gang du Village de Dieu a pris d’assaut le Parquet, le 10 juin 2022, et a emmené des dossiers sensibles et importants, ainsi que des matériels de ladite institution.

À côté de la déclaration de l’Ambassadrice américaine dont son pays occupe la position phare dans le vote du renouvellement du mandat du BINUH, il y a les objectifs fixés depuis 2019 :

  1. Conseiller le gouvernement d’Haïti pour promouvoir et renforcer la stabilité politique et la bonne gouvernance, y compris l’état de droit, préserver et favoriser un environnement pacifique et stable, y compris en appuyant un dialogue national inclusif entre Haïtiens, et protéger et promouvoir les droits humains.

Sur cet angle, le BINUH a bel et bien échoué et le point suivant n’est pas exempt de cet échec.

  1. Aider le gouvernement d’Haïti, dans un rôle consultatif, dans ses efforts dans les secteurs suivants :
  • Dialogue et réformes : promouvoir un dialogue inclusif entre Haïtiens afin d’encourager le consensus national sur les priorités du pays, comme sur la mise en œuvre des réformes politiques, législatives et structurelles.

Malheureusement, ce sujet de dialogue fait encore le point de l’actualité et le Premier ministre Ariel Henry n’arrive toujours pas à statuer avec les acteurs politiques pour aboutir à ce dialogue qui se fait encore attendre.

  • Élections : faire avancer les efforts d’Haïti pour entreprendre des réformes électorales et tenir des élections libres, régulières et transparentes.

Une autre question dont le peuple haïtien n’a pas la réponse, d’ailleurs l’organisation des élections n’est sans nul doute pas prévue pour les prochains jours. Le climat ne paraît pas propice, car les gangs armés font encore la loi et les initiatives pour mettre fin au règne des bandits ne semblent pas à l’ordre du jour.

  • Professionnalisation de la police : renforcer les capacités opérationnelles, l’intégrité et la responsabilité de la Police nationale d’Haïti (PNH) dans son rôle de maintien de l’ordre public et de protection de la population dans le plein respect des obligations envers les droits humains et l’égalité entre les sexes.

L’impuissance de la Police nationale d’Haïti face aux intensifications des actes criminels est flagrante. Tous les jours des cas d’enlèvement sont orchestrés dans divers coins de la zone métropolitaine, les gangs détournent et emportent sans difficultés des camions de marchandises, la population est livrée à elle-même, malgré les minces efforts du corps des forces de l’ordre pour lutter contre le chaos qui règne un peu partout dans le pays, particulièrement dans le département de l’Ouest, la population ne peut compter réellement que sur elle-même. 

  • Réduction de la violence communautaire et de la violence des gangs: promouvoir et appuyer la mise en œuvre d’une stratégie nationale pour réduire la violence des gangs et la violence communautaire, y compris la violence sexuelle et sexiste.

Au moment même du renouvellement du mandat du BINUH, une guerre de gangs entre le G9 le gang de Babekyou et G-Pèp de Gabriel, fait couler le sang de centaine d’innocents à Cité-Soleil, des matériels du Centre National d’Équipements (CNE) sont utilisés par les bandits pour mener à bien leurs opérations.

  • Réforme judiciaire : faire avancer des réformes dans le secteur judiciaire, en particulier pour réduire la détention préventive, garantir la reddition de comptes pour fait de corruption et lutter contre l’impunité.

L’absence de la justice est une évidence et malheureusement, les bandits sont allés beaucoup plus loin que ce qu’on pouvait imaginer en prenant possession du Parquet de Port-au-Prince au bicentenaire. Izo, le caïd de 5 Segonn, a même revendiqué l’attaque dans une note vocale. Mais Ariel Henry n’est sans nul doute pas au courant de cette attaque, car il a osé, sans scrupule, démentir un agent de la presse locale.

  • Conditions pénitentiaires : renforcer la gestion et la supervision de l’administration pénitentiaire, ainsi que les capacités de contrôle pour la prestation des services de base dans les prisons, en lien avec les normes internationales relatives aux droits humains.

À mainte reprise, les prisons subissent des attaques et des prisonniers ont même eu l’occasion de s’évader alors que le BINUH était toujours en mission. Sans oublier l’aspect infra humain dans lequel les prisonniers purgent leurs peines et le nombre important de personnes en détention préventive prolongée.

  • Protection des droits humains et impunité : appuyer la consolidation des cadres nationaux et renforcer les capacités et l’autonomie de l’institution nationale de défense des droits de l’homme et de la société civile pour protéger et promouvoir les droits humains, en particulier les droits des femmes et l’égalité entre les sexes.

En d’autres termes, les droits de l’homme ne se résument qu’aux droits des bandits, il est plus facile pour les entités de Droits de l’homme de défendre ceux des bandits que ceux de la population. Ils s’indignent ouvertement dans la presse quand il s’agit d’attaques menées sur les bandits, mais quand il s’agit des attaques menées par ces mêmes bandits sur la population, le silence est l’unique arme de défense utilisée par ces prétendues organisations.

Nul besoin d’être un génie pour constater que les activités du BINUH, n’ont rien apporté de concret à la crise qui terrorise la population haïtienne depuis des années. Malheureusement, Haïti va devoir se contenter de 12 autres mois de collaboration avec une instance qui ne parvient pas à accomplir sa mission convenablement. Aujourd’hui encore, le Conseil de Sécurité des Nations unies n’a pas conscience de l’incapacité du BINUH à prendre en main ses responsabilités, les membres de ce conseil ont livré Haïti, une nouvelle fois face à elle-même dans une crise qui risque de déboucher sur le pire. Tout va bien, c’est donc le message assez clair que lance l’ONU au monde entier au sujet d’Haïti, arguent de nombreuses personnes qui n’arrivent toujours pas à comprendre ce que l’organisation mondiale de la paix souhaite faire du cas d’Haïti.

Revital Lynch

Ray est un jeune web entrepreneur et journaliste évoluant dans le monde du multimédia. Il est un passionné de la technologie et de ses sciences connexes.

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Tags: BINUH CSONU Haiti ONU