Equateur: Elections générales en Equateur, polarisées entre gauche et droite

Steven Aristil
ParSteven Aristil

Protégés de masques, les Équatoriens votaient dimanche aux élections présidentielles et législatives, qui devraient se jouer aux pôles entre gauche et droite, en l’absence notable de l’ex-président Rafael Correa, figure du socialisme latino-américain, condamné pour corruption.

Encore plus endetté à cause de la COVID, l’Équateur élit son président
Dans un contexte de crise économique aggravée par la pandémie qui a sévèrement touché ce petit pays andin, 13,1 millions d’électeurs sont appelés à désigner le successeur de l’impopulaire président Lenin Moreno. Il quittera le pouvoir le 24 mai, à l’issue de son mandat de quatre ans.

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Seize candidats, un record, sont en lice. Mais deux partent favoris: un jeune économiste et un ex-banquier.

Andrés Arauz, 36 ans, dauphin de l’ancien président Correa (2007-2017), représente la coalition Union pour l’espérance (Unes, gauche).

En ce « jour historique », il a appelé les électeurs à « être vigilants pour que la volonté populaire soit respectée », estimant sur Twitter que de cela dépend « un triomphe, un seul tour ».

Ne pouvant voter, car inscrit sur les listes du consulat équatorien au Mexique où il vivait auparavant, il a accompagné sa grand-mère de 106 ans, jusqu’aux urnes à Quito.
A l’opposé, le vétéran Guillermo Lasso, 65 ans, chef de l’opposition et candidat de Créer des opportunités (Creo, droite), tente sa chance pour la troisième fois. En 2017, il n’avait perdu que de deux points face à Moreno alors corréiste.

Retour de la gauche ou virage à droite
Prévoyant sa « victoire », mais au second tour le 11 avril, il défend « l’option de l’emploi, des opportunités et de l’unité », appelant au « changement » depuis son fief de Guayaquil (sud-ouest).
Selon les sondages, aucun n’est en mesure de l’emporter dimanche, le vainqueur devant engranger la moitié des voix plus une, ou au moins 40 % avec dix points d’avance sur le suivant.

Placé troisième, l’avocat Yaku Perez, 51 ans, candidat du parti indigène Pachakutik, pourrait déterminer l’issue de la présidentielle.

Cet écologiste de gauche bénéficie de la popularité du soulèvement social de 2019. Déclenchée par une hausse des prix des carburants dans le cadre d’une aide du Fonds monétaire international (FMI), la révolte s’était soldée par 11 morts, 1 340 blessés et avait fait vaciller le gouvernement.

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« Nous allons passer au second tour. C’est incontestable, c’est évident », a-t-il déclaré à Cuenca (sud), sa ville natale.
Premier candidat présidentiel indigène depuis quinze ans, il appelle à « enterrer dans les urnes la corruption, l’arrogance, la violence » pour « faire de l’Équateur le pays de l’honnêteté, de l’écologie, du respect des droits et des libertés ».

Unissant le vote des autochtones « à celui de la gauche non corréiste et d’autres secteurs comme les jeunes », il peut générer une « surprise », selon le politologue Simon Pachano, de la Faculté latino-américaine de sciences sociales (Flacso).
Parmi les 13 candidats restants, figure une seule femme, Ximena Peña, candidate d’Alliance Pays (AP), parti au pouvoir affaibli par la lutte Moreno-Correa.
À l’issue d’une campagne limitée par le Covid-19, qui a fait plus de 15 000 morts dans ce pays de 17,4 millions d’habitants, les électeurs doivent aussi désigner les 137 députés du parlement monocaméral.

Du fait de la fragmentation des forces politiques, le prochain gouvernement ne devrait pas y détenir de majorité.
« Quel que soit le vainqueur, il aura un mandat fragile », devra « chercher des consensus », selon le politologue Esteban Nichols, de l’Université andine Simon Bolivar.
La crise suscite un fort mécontentement. Déjà affecté par la chute des cours du pétrole, principal produit d’exportation, l’Équateur a doublé sa dette et craint une contraction de son économie de 8,9 % en 2020.
Mesures sanitaires, longue attente
« Bien que se profile une tendance de corréisme et anti-corréisme (…) un pourcentage important de l’électorat cherche autre chose » pour gérer « la pauvreté, le chômage, la corruption », précise Karen Garzon Sherdek, de l’Université internationale SEK.
« J’espère qu’enfin puisse être élu un président qui ne soit pas corrompu et qu’il y ait des changements », a déclaré à l’AFP Sebastian Amaguaya, maçon de 23 ans, dans l’une des files s’étirant devant les bureaux de vote, du fait des mesures sanitaires contre le coronavirus.
Sondages et analystes présagent une forte abstention par crainte de la contagion. Si le vote est obligatoire pour les 18-65 ans, certains pourraient préférer payer l’amende de 65 dollars que de se rendre aux urnes ouvertes jusqu’à 17 h locales.

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Grand absent du scrutin, le charismatique mais polémique Correa apparaissait sur les affiches d’Arauz et jusque dans un message vidéo diffusé jeudi lors du dernier acte électoral d’Arauz.
Le chantre du « socialisme du XXIe siècle » a dû renoncer à briguer la vice-présidence après avoir été condamné à huit ans de prison pour corruption.

Installé en Belgique, pays de son épouse, il se dit « persécuté » par Moreno, qu’il qualifie de « traître » pour avoir renoué avec le patronat, les banques, les États-Unis et le FMI.
Mais son protégé veut promouvoir la révision des procédures judiciaires et le prendre comme conseiller du gouvernement.

« Je veux que Correa revienne. Avec lui, mon époux, mon gendre avaient du travail (…) Avec Arauz, tout va s’améliorer », affirmait Rita Racines, femme au foyer de 54 ans, en s’apprêtant à voter.

AFP

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