Crise en Haïti : l’efficacité des sanctions remise en question

Lors de la réunion spéciale du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation en Haïti, mercredi 3 juillet 2024, les Etats-Unis ont appelé à un renforcement des sanctions contre les gangs. Cependant, l’efficacité de ces sanctions fait débat au sein de la communauté internationale.

Des sanctions suffisantes ?

Malgré l’arrivée récente d’un contingent de policiers kenyans en Haïti, la situation sociopolitique et sécuritaire du pays reste préoccupante. Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, a insisté sur la nécessité de tenir les gangs responsables de leurs actions passées. “Ce Conseil doit envisager des sanctions contre les individus et les entités responsables ou complices d’actions qui menacent la paix et la sécurité en Haïti”, a-t-elle souligné.

Toutefois, l’efficacité de ces mesures est remise en question. À ce jour, les sanctions de l’ONU n’ont pas permis de stabiliser la situation sécuritaire en Haïti, qui continue de se détériorer.

Implication des États-Unis dans le trafic d’armes

Selon un rapport de l’ONUDC, les États-Unis sont l’une des principales sources d’armes illicites en Haïti, où les gangs contrôlent de vastes zones du pays. En réponse à ces accusations, Linda Thomas-Greenfield a indiqué que l’administration Biden travaille à la mise en place d’un système de contrôle du trafic d’armes et de vérification des antécédents. Elle a également exhorté les autres États membres à renforcer leurs mécanismes d’application.

La Chine et le contrôle des armes

La Chine a exprimé son soutien aux efforts des Nations unies, tout en appelant les États-Unis à renforcer leur contrôle des armements. L’ambassadeur chinois Fu Cong a déclaré : “La Chine appelle à une mise en œuvre effective de l’embargo sur les armes décrété par le Conseil de sécurité à l’encontre d’Haïti. Nous exhortons les États-Unis à renforcer leur contrôle sur les armes et les munitions. ”

Une crise humanitaire croissante

Maria Isabel Salvador, représentante spéciale des Nations unies pour Haïti, a souligné l’aggravation de la crise humanitaire. Selon elle, la violence des gangs s’est étendue au-delà de la capitale, Port-au-Prince. Près de 578 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays – une augmentation de 60 % depuis mars – et seuls 20 % des établissements de santé fonctionnent normalement.

La voie à suivre

Face à ces faits, la communauté internationale se demande si de nouvelles sanctions contre les gangs et leurs complices sont la meilleure solution. Alors que certains préconisent des mesures plus sévères, d’autres suggèrent de se concentrer sur des initiatives de développement et de reconstruction pour stabiliser Haïti à long terme.

La situation en Haïti reste complexe et multiforme, et les solutions passent par une approche concertée et intégrée combinant des sanctions ciblées et de l’aide humanitaire.

 

Source Photo: France24

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