Flash-Back : An Ayiti de MRJ, un tube encore d’actualité 10 ans plus tard 

Revital Lynch
ParRevital Lynch
flash back an ayiti de mrj, un tube encore d’actualité 10 ans plus tard 

Le 1er août 2022 a marqué officiellement dix ans depuis que MRJ The Realest, ancien rappeur de S.A.L, a publié le tube ‘An Ayiti’. Cet œuvre, qui relatait dans chaque barre la réalité d’un pays ravagé par des crises, sonne aujourd’hui encore comme une nouveauté, on dirait que rien n’a changé en dix ans. 

Avant tout, il est important de prendre en compte le refrain de ce tube qui traite l’histoire d’une réalité qui s’impose en Haïti depuis plus de 10 ans : 

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An Ayiti plis w ap mache se plis w ap wè gen bagay si se moun ki di w li fèt ou pa p kwè 

An Ayiti chaje pwofesyonèl aslè (husler) nan kontrebann ak konbèlann se la bras fèt 

An Ayiti sa w pa ta imajine s on reyalite 

Yo ofisyalize sa pou yo ta penalize 

An Ayiti – Se la yo rann enposib vin posib 

Se la ou wè sa w te panse k envizib… 

En écoutant le refrain, on réalise que l’histoire du pays est brièvement traitée et chaque barre, chaque vers se penche sur un fait qui ressemble à un témoignage sur ce qu’Haïti vit actuellement, en 2022, soit dix ans après la publication dudit tube. Il suffit d’analyser la première barre : Ayiti peyi zigzani peyi vag vi, vant akalmi, se pil ou fas ton palmis – Comme une prophétie, cette seule barre fait allusion au quotidien de l’haïtien, pas un jour ne passe sans qu’il ne risque sa vie comme un enfant qui joue à pile ou face. Des enfants meurent de faim et le coût de la vie devient extrêmement cher. Chaque parole, chaque rime, rime à l’amère réalité de l’Haïti d’aujourd’hui. 

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Biznisman ilegal rele tet yo brasè y ap pwofite de kriz – C’est encore la triste réalité de la crise du pétrole qui a pris sa résidence légale en Haïti, depuis plus de deux ans et nombreux sont ceux qui profitent de chaque crise de rareté du carburant pour extorquer aux citoyens passifs quelques milliers de gourdes pour des gallons de carburants, certaines fois de très mauvaises qualités. Mezi lajan w, mezi wanga w, ou il aurait pu encore dire mezi lajan w mezi w an gaz… compte tenu de l’actuelle situation. 

Un peu plus en profondeur dans la première strophe, le rappeur parle de la puissance du complot, même plus fort que la magie de notre fameux vaudou. Évidemment, le 7 juillet 2021 l’a bel et bien prouvé et dommage Jovenel Moïse n’est plus là pour en témoigner. 

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Gen malen pase malen – Se kan w pran w konnen – W ap konn tout wout pa bwa k genyen – Se kan w g on monnen… – N’est-ce pas vrai que les Haïtiens ont subi des péripéties dans les bois de divers pays de l’Amérique du Sud et Centrale pour aller se faire humilier sous le pont de Texas à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique ? Chaque semaine des migrants haïtiens font naufrage, meurent en mer, d’autres, en terre étrangère, et la plupart se font rapatrier. Mais, en réalité, ceux qui en ont les moyens savent comment prendre le chemin des bois sans faire de mauvaises expériences, surtout quand ils sont recherchés par la police et doivent rendre des comptes devant la justice. 

Priyè monte gras pa desann sè legliz met pye li nan dlo – L’Église, la religion, tout est une question de foi, mais quand on vit en Haïti, la foi se partage entre Dieu et Ginen yo. L’Église en Haïti est aussi une affaire de business, l’artiste en a fait mention dans son texte quand il dit : menm Elize pa fè gerizon san lajan ankò… Effectivement, les traitements au sein de l’église ne se font plus pour de simples offrandes, ni de dîmes mais bien plus encore. Aujourd’hui, l’évangile est prêché un peu partout, mais chez nous, les prophètes et les guérisseurs se multiplient, et chaque église est une nouvelle entreprise, un moyen de ranconner des citoyens en quête de therapie dans un pays où les drames ne se font pas très rares et les noms de certains pasteurs sont cités dans des actes malhonnêtes comme le viol, le vol et autres crimes du genre. Par contre, des victimes espèrent que la justice dira finalement son mot comme dans un cas récemment dévoilé par le journaliste Marc Guerson Phillistin dans un reportage. C’est aussi la polémique, des prétendus pasteurs accusent d’autres prétendus pasteurs d’être initiés dans la franc-maçonnerie et les chrétiens ne savent plus à quel saint se vouer, car, les sendenden fréquentent de plus en plus les assemblées du bon Dieu. 

Dans sa première strophe, MRJ dévoile tellement de vérités, tellement de choses de la réalité des haïtiens, quand il cite : Anpil fwa emergency exit sèvi kòm pòtdantre… Kout kob bouche zorey li femen zye l li tepe bouch, on se demande s’il ne serait pas intéressant d’appeler sur cette barre un PM ? Oui un éternel absentéiste, sourd, aveugle et muet. Il faut bien se demander s’il n’a rien à gagner, pourquoi un tel mutisme ? Le pays est réellement en proie à la haine et à l’hypocrisie et nul ne semble s’en soucier. 

Lwijanboje, ki pa ka pran kout kòd pran kout poud… Le rappeur fait allusion à la justice, quand elle ne fait pas son travail, c’est le vaudou qui assure. Aujourd’hui encore la justice est toujours en proie à cette incapacité, malheureusement rien n’a changé… Si MRJ l’avait vécu il y a dix ans, pourquoi rien n’a changé ? 

Qu’est-ce qui pourrait bien changer ? Quand on met le cap sur cette barre, on ne peut plus réaliste : Vizyon chak moun, reyalite a depann de pozisyònman l e chak moun ki g on bagay pou l di pale selon fonksyònman l… Alors sur cette barre, il serait préférable d’appeler un maître, un connaisseur des lois et d’autres défenseurs des droits humains et leur demander la réponse à la question : Faut-il encore des barricades pour assurer l’avenir du peuple ? Et les pétro-challengers, ont-ils trouvé les milliards ou la justice qu’ils réclamaient ? L’argent du carnaval, a-t-il résolu les multiples problèmes des hôpitaux ? En parlant d’Hôpital, où est passé le fameux Trauma Center de la propagande du groupe Youn ? Pourquoi personne n’en parle ? Qu’en est-il de la construction ? Aujourd’hui face à l’actuelle situation du pays, l’opposition n’a-t-elle vraiment plus rien à dire ? Haïti, a-t-elle été ou est-elle toujours open for business ? Rien que des questions dont les réponses seront très utiles au peuple haïtien. 

Tout sikui syeje – L’entrée Sud d’Haïti fait état d’un siège permanent ou les chefs de gangs se succèdent, de Adly en passant par Arnel jusqu’au règne de Manno ou de Izo, l’accès à la route nationale numéro 2 demeure à la merci de ces seigneurs qui aujourd’hui extorquent les voyageurs et les chauffeurs qui veulent se rendre dans le Sud, parfois ils les enlèvent et ouvrent le feu sur certains véhicules, tout dépend de leurs humeurs. L’entrée Nord a aussi son petit groupe de rançonneurs, à Arcahaie, dans le département de l’Artibonite, à l’entrée de Gros Morne (une ville qui donne l’accès au département du Nord-ouest), des gangs armés font la loi. Voyager dans les villes de province est un risque que courent les voyageurs et les commerçants au quotidien. Les 400 Mawozo ont pris le contrôle de la Croix des Bouquets et des zones avoisinantes ainsi que de la route nationale numéro 4. MRJ poursuit sur la même barre : tout kote kòb ap brase pyeje – pas besoin de faire tout un paragraphe, les fonds de PetroCaribe en témoignent clairement et chaque ministère devrait faire l’objet d’enquêtes si l’ULCC faisait réellement son travail. 

Dans la seconde strophe du texte, MRJ traite beaucoup du sujet de la corruption qui bat son plein aujourd’hui en Haïti. Les ONG à quoi servent-elles réellement ? Question similaire pour le BINUH que justifie-t-il pour l’ONU ou les Etats-Unis, éternel supporteur de cette institution fantôme. Et MRJ l’a bien dit : ‘le système peut changer de profil, mais ne disparaîtra pas’, de MINUSTAH à BINUH, ce n’est qu’un changement de nom pour la même mission, pérenniser l’anarchie en Haïti et ceux depuis plus d’un siècle. Chaque président est un élément contribuant au désir du système et aujourd’hui le système n’a pas fait que de changer de profil, il sort ses griffes. 

De commission en commission, d’accord en accord, aucun résultat n’aboutit à une finalité, la corruption est présente partout : Twop magouy fe pòt pawòl pa ka bay rapò klarifye – Lè youn kòmanse yon pwojè ranplasan l pa fè suit – Cette barre traite un fait qui ne cesse de plonger le pays dans le chaos. L’exemple du projet d’électrification d’Haiti par Jovenel Moise qu’Ariel n’a pas repris devrait susciter des questions. Si Jovenel n’était pas un bon président (comme on le clamait) mais, ce projet n’était pas un plan de destruction, au contraire, il est inconcevable que le premier peuple noir vit encore dans le noir en plein 21e siècle. Pourquoi il n’y a pas eu de continuité ? 

Pwoblèm yo pa janm atake a la baz – Des vérités rien que des vérités sur des problèmes qui causent aujourd’hui la faillite d’un peuple incertain de son avenir. La crise du pétrole qui affecte Haïti depuis plusieurs années et la solution qui tarde à venir, l’état haitien qui n’arrive pas à gérer cette affaire convenablement, sont des faits qui prouvent cette vérité. La société WINECO publie constamment les informations sur la distribution des produits pétroliers, mais il paraît que les camions-citernes n’arrivent jamais à distribuer dans les stations à essence. Cette situation confirme ces paroles de l’artiste : Yo ba plis enpòtans o fè ke koz, solisyon pa pran tan. Les responsables du pays optent toujours pour des solutions éphémères. 

Kounye nou telman gen zam nou ka atake la navaz – Les gangs armés se procurent des armes avec une telle aisance qu’on se demande s’il y a vraiment un embargo d’armes sur Haïti. C’est d’ailleurs le plus grand souci du pays. Les gangs sont mieux armés que la Police nationale. 

Gwo tèt ap fè gwo kou pou fè gwo kou pou fè lajan tout mwayen bon fenomèn kinaping moun ou pa ta panse pou bokou – Ministre de la Justice et ministre de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, deux des plus importants ministere du pays, Liszt Quitel avait son nom impliqué profondément dans l’affaire d’enlèvement du pasteur Jean Ferret Michel, selon le RNDDH. Rumeur ou vérité ? Qui sait ? An Ayiti sa w pa ta imajine s on reyalite. 

Chak dram se pèman konsekans enkonsekans – Les Haïtiens, après le séisme du 12 janvier 2010, avait l’occasion de se préparer à une éventuelle réplique, car les études ont été nombreuses a révélé qu’Haïti est un pays à risques sismiques, malheureusement le peuple Haitien a connu le 14 août 2021 et 1 an plus tard, le peuple du Sud vit un scénario similaire que celui de l’Ouest après le 12 janvier. Sans oublier que les secours ont eu pas mal de retard pour atteindre les victimes au moment du drame parce que l’État avait négligé le phénomène de gang qui sévit à l’entrée Sud du pays. 

Menm konsil nan anbasad pran nan fo dokiman – Tout est dit, selon le texte du rappeur, on dirait que l’année 2022 est une réplique de l’année 2012 et on a pris le soin de faire toutes les mises à jour nécessaires. Malheureusement, ces paroles ont été dites et n’ont pas été prises en considération. On se demande s’il ne serait pas possible de réaliser, au moins, une seule parole du texte de MRJ : AN AYITI – SE LA YO RANN ENPOSIB VIN POSIB, car dit-on le changement est impossible et si on arrivait à prouver le contraire ? 

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Ray est un jeune web entrepreneur et journaliste évoluant dans le monde du multimédia. Il est un passionné de la technologie et de ses sciences connexes.