Haïti, déjà en proie à de nombreux problèmes, fait face à une escalade alarmante de la violence des gangs, comme le révèle un récent rapport du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH). Au cours du troisième trimestre 2023, pas moins de 2 161 personnes ont été tuées, blessées ou kidnappées, soit une augmentation de 16% par rapport au trimestre précédent. Depuis le début de l’année, on dénombre 5 650 victimes de la violence des bandes armées.
La situation est de plus en plus préoccupante avec 585 enlèvements enregistrés au cours de la même période, soit une augmentation de plus de 96 % au niveau national et de 166 % dans le département de l’Artibonite, région connue pour abriter plusieurs gangs criminels, dont le redoutable “Grand Grif”.
Outre ces chiffres alarmants, le rapport du BINUH souligne l’utilisation continue de la violence sexuelle par les gangs comme arme contre la population, en particulier dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et dans l’Artibonite. Les hommes représentent 76% des victimes, les femmes 22% et les enfants 2%.
Les zones de Meyer, Carrefour-Feuilles, Savane Pistache, Decayette, Truitier, Dumonay et Tabarre ont été le théâtre des attaques les plus meurtrières. Le département de l’Ouest reste le plus touché avec 67% des cas.
Face à cette recrudescence de la violence, le BINUH lance un appel urgent à la communauté internationale pour qu’elle maintienne Haïti sur l’agenda international et qu’elle accélère le déploiement d’une mission multinationale de soutien à la sécurité, garantissant le respect des droits de l’homme et des normes.
Le rapport appelle également à la réactivation des services sociaux et des projets visant à soutenir les jeunes vulnérables dans les zones contrôlées par les gangs. Il souligne également la nécessité de renforcer le système judiciaire, notamment par la création de centres judiciaires spécialisés dans la lutte contre la corruption et les crimes de masse, en particulier ceux impliquant des violences sexuelles.
Le BINUH exprime également sa profonde inquiétude quant au recrutement d’enfants dans les gangs criminels, malgré les annonces de rapprochement ou de trêve entre certains gangs dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Le sentiment d’urgence est manifeste et un appel est lancé à la communauté internationale pour qu’elle mette fin à cette crise de violence en Haïti.