Daniel Foote, l’ancien envoyé de l’administration de Joe Biden s’oppose totalement à l’intervention d’une force étrangère en Haïti, selon le diplomate, toute intervention militaire en Haïti risque de provoquer un soulèvement civil similaire à celui de 1915.
Lors d’une interview accordée au journal The Intercept, l’ancien envoyé en Haïti, Daniel Foote a déclaré que la posture de plus en plus interventionniste de Biden envers Haïti, qui était évidente même l’année dernière, était à l’origine de sa décision de démissionner. “Les déportations ont été la goutte d’eau qui fait chavirer le vase”, a déclaré Foote.
“Mais la principale raison pour laquelle j’ai démissionné est que j’ai vu la politique américaine aller exactement dans cette direction, vers l’intervention, c’est-à-dire, comme l’a dit Einstein – et je vais paraphraser – essayer la même chose encore et encore et s’attendre à un résultat différent est une folie”, poursuit-il, en ajoutant qu’en Haïti, chaque fois que la communauté internationale est intervenue sans le soutien haïtien et populaire, la situation se stabilise temporairement, puis elle s’aggrave beaucoup avec le temps.
De ce fait, M. Foote a affirmé qu’une intervention armée produirait probablement une courte période de calme en Haïti, mais s’effondrerait tôt ou tard. “Il est presque insondable que tous les Haïtiens appellent à une solution différente, mais les États-Unis et l’ONU ainsi que les institutions internationales trébuchent aveuglément avec Ariel Henry”, dit-il.
Foote a également déclaré que l’administration de Joe Biden continue de soutenir le titulaire de la Primature au pouvoir parce qu’il a été en mesure d’accepter les déportations de migrants haïtiens.
“Cela doit être parce qu’il a promis d’être conforme”, a-t-il déclaré, “mais nous allons avoir un soulèvement civil en Haïti similaire à celui de 1915, lorsque nous avons envoyé les Marines pour la première fois et administré Haïti pendant près de 20 ans. En 1915, Haïti était dans une position similaire, et ils sont allés à l’ambassade de France à l’époque, ou à la légation, et ils ont traîné le président – le président Jean Vilbrun Guillaume Sam – dehors, et ils l’ont arraché de membre à membre dans les rues. Et je crains que vous ne voyez quelque chose de similaire avec Ariel Henry ou avec une force étrangère qui y est envoyée pour propager son gouvernement et le garder au pouvoir”, prévient-il.
Par ailleurs, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres a répondu à l’appel d’intervention d’Henry en encourageant une force armée internationale à se déployer en Haïti. Lundi dernier, Linda Thomas-Greenfield, représentante des États-Unis auprès des Nations Unies, a déclaré au Conseil de sécurité que les États-Unis et le Mexique proposeraient une résolution pour une “mission non onusienne ” soigneusement portée dirigée par un pays partenaire ayant l’expérience approfondie et nécessaire pour qu’un tel effort soit efficace”.
Comme rappel, L’ambassadeur Daniel Foote a démissionné l’automne dernier pour protester contre la politique d’expulsion des États-Unis, qui continue de ramener des avions pleins de migrants haïtiens à des conditions dangereuses sans leur donner une sérieuse occasion de demander l’asile. Dans sa lettre de démission, il a également condamné les États-Unis pour leur soutien au Premier ministre extralégal, de facto, Ariel Henry, qui a été vraisemblablement lié à l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, et a licencié plusieurs procureurs pour enquêter sur le crime.