Le président kenyan William Ruto a annoncé que sa force de police de maintien de la paix arriverait en Haïti dans environ trois semaines pour aider à rétablir l’ordre face à la montée de la violence des gangs. Cette annonce marque une avancée significative dans la lutte contre l’insécurité sur l’île des Caraïbes, où la situation s’est aggravée depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021.
Dans une interview exclusive accordée à la BBC, M. Ruto a confirmé qu’une équipe de planification était déjà sur place en Haïti. L’équipe a rencontré les forces de police locales pour prendre les dispositions nécessaires avant le déploiement des troupes kenyanes. Cette étape préliminaire vise à évaluer les capacités disponibles, l’infrastructure en place et à renforcer la coopération avec les autorités haïtiennes.
Cette annonce intervient à la fin d’un voyage de trois jours à Washington DC, le premier d’un dirigeant africain aux États-Unis depuis plus de quinze ans. Lors de son séjour, la Maison Blanche a souligné l’urgence du déploiement de la force multinationale dirigée par le Kenya, notamment après la mort de deux missionnaires américains en Haïti.
M. Ruto a souligné la nécessité de cette intervention, affirmant que de telles tragédies sont précisément ce que le Kenya cherche à prévenir. “Nous ne devrions pas perdre des vies à cause des gangs”, a-t-il déclaré, réaffirmant l’engagement de son pays à rétablir la sécurité et à protéger les civils.
Le Kenya avait déjà proposé de diriger une force de sécurité multinationale soutenue par les Nations unies pour stabiliser Haïti. Toutefois, le processus a été ralenti par divers problèmes de sécurité et de logistique, ainsi que par des problèmes juridiques internes au Kenya. La Haute Cour kenyane doit se prononcer sur la légalité de ce déploiement le 2 juin.
Malgré ces difficultés, le président Ruto a assuré que le Kenya avait conclu un accord écrit avec le Conseil présidentiel transitoire haïtien, garantissant que la présence kenyane serait perçue comme une mission de paix et non comme une force d’occupation. Cet accord, initialement signé par l’ancien Premier ministre haïtien Ariel Henry, reste en vigueur malgré sa démission en mars dernier sous la pression croissante de la violence.
Outre Haïti, le président Ruto participe également à d’autres missions de paix, les forces kényanes étant présentes dans des pays tels que la Somalie et la République démocratique du Congo. Il s’efforce également de faire connaître les conflits au Soudan, soulignant l’importance d’une attention internationale équitable pour les crises humanitaires dans la région.
L’octroi récent du statut d’allié non membre de l’OTAN au Kenya par les États-Unis ouvre la voie à une coopération plus étroite en matière de sécurité et à l’acquisition d’armes américaines plus sophistiquées, renforçant ainsi les liens diplomatiques entre Nairobi et Washington. Cependant, M. Ruto a souligné que le Kenya maintient une politique étrangère équilibrée, sans préférence exclusive pour un allié mondial.
Alors que les forces kenyanes se préparent à intervenir en Haïti, l’objectif principal reste clair : rétablir l’ordre et protéger les vies face à une violence endémique. Cette mission s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par le Kenya pour jouer un rôle actif dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
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