L’émissaire de l’ONU pour Haïti, Helen La Lime, a lancé ce Lundi 17 octobre 2022 au Conseil de sécurité une invitation aux partenaires du pays afin d’envisager l’envoi d’une force d’intervention en “urgence ” en Haïti qui a été recueillie par les États-Unis, qui étaient disposés pour la soutenir directement, la responsabiliser et la doter de ressources.
La Lime faisait référence à l’appel lancé le 7 octobre par le Premier ministre Ariel Henry, pour demander le soutien d’une force armée internationale pour aider à assurer la libre circulation de l’eau, du carburant et des fournitures médicales pour éviter la détérioration de la la situation du pays.
Le Conseil de sécurité a étudié les deux résolutions possibles dont la discussion n’était pas à l’ordre du jour, l’une concernant des sanctions contre les responsables des violences et des blocus en Haïti et une deuxième résolution visant à accueillir positivement le déploiement d’une force internationale hors de l’ONU dans le pays.
Le 9 octobre, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a proposé d’envoyer en Haïti une “force d’action rapide” composée de soldats d’un ou plusieurs pays pour aider le gouvernement à reprendre le contrôle de Port-au-Prince aux gangs armés qui dominent actuellement plusieurs parties de la capitale et débloquer l’approvisionnement en carburant et autres besoins de base.
Haïti soutient les sanctions
“Les Haïtiens utilisent activement les médias sociaux et les émissions de radio pour exprimer leur soutien à de fortes sanctions ciblées contre ceux qui conduisent la violence afin d’empêcher les changements qui menacent les schémas de corruption de longue date”, a déclaré l’envoyé de l’ONU, qui a également mentionné la tenue de manifestations appelant à la démission D’Henry et de son exécutif.
En ce sens, La Lime a insisté sur le fait que “la violence des gangs entrave de manière critique une réponse humanitaire à une maladie résurgente à savoir le choléra, ainsi qu’à la faim, avec un nombre record de 4,7 millions de personnes souffrant de faim aiguë, dont des dizaines de milliers au bord de la famine.”
“La réalité est que sans la libre circulation du carburant, Haïti ne pourra pas sortir de cette crise actuelle. Malgré toutes les réalisations de la Police Nationale dans la réouverture des routes et des quartiers, le port où le carburant est stocké reste un défi”, a souligné La Lime.
Les États-Unis soutiendront avec une intervention limitée
L’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a montré la volonté de son gouvernement d’envisager les moyens les plus efficaces pour le soutenir directement, le responsabiliser et le doter de ressources”.
Ainsi, il a insisté devant le Conseil de sécurité sur le fait que son pays, avec le Mexique, prépare deux résolutions à présenter à la plus haute instance exécutive de l’ONU sur l’intervention d’une force et sur les sanctions.
Une “résolution sur laquelle nous travaillons autorise une mission internationale d’assistance à la sécurité non onusienne pour aider à améliorer la situation sécuritaire et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire désespérément nécessaire”, a déclaré Thomas-Greenfield.
La diplomate américaine a ajouté que la résolution proposera qu’une telle mission non onusienne ait “une portée limitée et soit dirigée par un pays partenaire, ce qu’elle n’a pas révélé, qui possède l’expérience nécessaire pour qu’un tel effort soit efficace”.
Il a également noté que cette force “apporterait un soutien international à la Police nationale d’Haiti, ainsi qu’aux garde-côtes, contribuant à améliorer la situation sécuritaire sur le territoire national”.
Thomas-Greenfield a rappelé que son pays et le Canada se sont déjà coordonnés pour livrer du matériel de sécurité au gouvernement haïtien, qui comprend des véhicules tactiques et blindés pour “aider la PNH à faire face à la violence des gangs et à rétablir la stabilité et la sécurité en Haïti”.
Sanctions économiques et embargos
La deuxième mesure sur laquelle travaillent les États-Unis et le Mexique est l’imposition de “sanctions financières aux acteurs criminels qui infligent tant de souffrances au peuple haïtien”, ainsi que des limitations de visa qui incluront également les responsables gouvernementaux et les anciens responsables liés avec les gangs et autres organisations criminelles.
Le représentant du Mexique auprès de l’ONU, Juan Ramón de la Fuente, a souligné que l’embargo sur les armes visera à “empêcher les gangs de s’en procurer si facilement”.
“Il doit être clair qu’il ne sanctionne pas le gouvernement d’Haïti, mais plutôt ceux qui attaquent la gouvernance par la violence et maintiennent la population civile terrifiée”, a ajouté De la Fuente.
Cependant, les représentants de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU ont dénoncé l’incapacité du gouvernement dont le Premier Ministre Ariel Henry est à la tête de résoudre la crise actuelle du pays.
De ce fait, les représentants invitent les États membres à être prudents sur le déploiement d’une force en Haïti du fait que le Gouvernement n’est pas légitime.
” L’envoi d’une force pourrait non seulement être mal interprété par la population haïtienne, mais aggraver la crise “, ont-ils souligné.
Pour le représentant de la Chine, l’élimination de la violence armée sera la première étape pour que tout revienne à la normale, soutenant les sanctions contre les membres de gangs et les partisans de gangs en Haïti.