Abandonné par la population, la nature reprend ses droits à Bel-Air 

Pooshy Rosana
Par Pooshy Rosana  - Rédacteur
Bel Air, à Port-au-Prince, Haïti, lAP Photo/Rodrigo

Autrefois quartier prestigieux de Port-au-Prince, il est aujourd’hui une cité abandonnée de tout espoir : à Bel-Air, des bandes armées s’affrontent intensément depuis plusieurs mois, causant des dégâts inimaginables jusqu’à un point où la nature arrive même à y reprendre ses droits.  

En effet, Bel-Air et ses environs sont vidés par les gangs armés : des maisons totalement ou partiellement détruites, certaines incendiées lors d’affrontements. 

Les rues sont désertes ; de la vergeture repousse, des tas d’immondices logent les rues. Pas d’écoles, de commerces, ni de circulation, que des barricades construites à partir de sacs de sable ou de pierres.  

Depuis 2020, une guerre fait rage au bas Delmas jusqu’à étendre ses conséquences en 2022 dans les quartiers Delmas 2, 4, 6, 16, 18, Sans-Fil, entre autres. Le chef de gang du regroupement “G9 an Fanmi e Alye” Jimmy Cherizier alias “Babekyou” serait à l’origine d’un tel chaos selon le témoignage de plusieurs résidents de Bel-Air. Celui-ci veut à tout prix s’emparer du premier quartier de Port-au-Prince, qui a vu le jour au milieu du XVIIIe siècle. 

Les activités sont au point mort, la cathédrale transitoire de Port-au-Prince, construite après le séisme du 12 janvier 2010, avait même été forcée de fermer ses portes en raison des affrontements, et malheureusement le mercredi 27 janvier 2022, elle a été incendiée. 

Déjà témoin d’au moins 3 massacres, dont en novembre 2019 et en avril 2021, Bel-Air n’en peut plus. Des personnes sont tuées, pour la plupart lynchées ou calcinées par des hommes du gang “Krache dife”, une filière de G9 qui opère à la rue Saint-Martin, entre autres. Même si certains membres de la population résistent à l’assaut des gangs, ceux-ci n’ont aucun support de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Ils sont les seules victimes à combattre l’adversaire. 

Hier mercredi, des rafales d’armes automatiques résonnant au centre-ville de Port-au-Prince ont même été entendues dans des zones reculées, ce, malgré la distance. La guerre qui oppose G9 (Krache dife) et G-Pèp (Bel-Air) traverse les barrières de Cité-Soleil pour s’étendre à Bel-Air désormais, aucun bilan n’a été établi pour l’heure. 

L’insécurité est dans les portes du Palais national au Champ de mars, à quelques pas de Bel-Air, mais le gouvernement de facto n’a que faire de la situation. Ariel Henry marche sur des cadavres, mais nie toujours que le pays est occupé par les gangs. 

 

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Pooshy Rosana, journaliste-rédacteur à Netalkolemedia, caricaturiste et graphiste. Parallèlement, coach fitness. Adore la culture populaire, les documentaires et la musculation.