La vie à Pernier et à Torcellle n’est plus facile comme auparavant. Depuis l’arrivée de Vitelhomme Innocent dans ses deux localités, respectivement de Pétion-ville et de Tabarre, les résidents font face à un enfer quotidien : vivre dans la tranquillité devient un défi que l’on ne peut plus relever.
L’ancien entrepreneur converti récemment en chef de gang contrôle tout à Pernier et une partie de la commune de Tabarre – Torcellle, entre autres, jusqu’à même apposer sa signature sur les biens meubles et immeubles de quiconque oserait les abandonner.
En effet, celui qui clame son innocence à chaque prise de parole – Vitelhomme Innocent entre en possession des biens de tous ceux qu’ils considèrent comme des fugitifs mais aussi ceux qui représentent une menace pour son règne : des suspects, des informateurs communément appelés “antèn ou encore sousou”.
Plusieurs personnes ont été forcées de quitter Pernier et Torcellle sous la pression des bandits qui occupent ces deux zones depuis plus d’un an.
Les entreprises, petits commerces et autres activités sont au point mort. À présent, les bandits occupent, sur ordre de Vitelhomme, des maisons abandonnées par leurs propriétaires.
Parallèlement une autre réalité existe. Une victime des faits, dénommée Paul pour des raisons de sécurité, a rapporté avoir été menacée par Vitelhomme lui-même, accompagné d’une poignée d’hommes lourdement armés.
Celle-ci voulait déménager de Torcellle pour protéger sa famille de la situation qui devenait chaotique chaque jour.
Dans un premier temps, Paul avait été rançonné par des “sòlda” de Vitelhomme pour laisser la zone. Considéré comme un traître, il allait par la suite être menacé d’exécution deux jours après. Il affirme même avoir été accusé de tous les mots par ces derniers.
Père de deux enfants, il a été obligé de fuir sa maison un dimanche matin avec sa famille, prétextant qu’il se rendait à l’église, et depuis Paul vit à Delmas et espère laisser le pays très prochainement.
Plusieurs personnes nous ont aussi confirmé avoir fui Pernier ou Torcellle seulement avec des documents jugés importants, et quelques vêtements cachés dans leurs sacs à dos. Impossible de déménager au risque d’être exécuté.
Le gang Vitelhomme, une bande bien garnie
La bande à Vitelhomme est plus que bien équipée : armes, munitions et surtout véhicules. Ces bandits qui occupent une partie des communes de Pétion-ville et de Tabarre ont tout pour terroriser les résidents et pratiquants de la zone.
Lorsqu’ils détournent des véhicules, effectuent des kidnappings ou opèrent dans leur fief, ceux-ci sont à bord de véhicules pour la plupart flambant neuf saisies entre les mains de leurs victimes, révèle un résident de la zone sous couverture d’anonymat, insinuant dans la foulée que le chef de gang a un support politique qu’il ignore toutefois.
« Pi fò machin nèg yo ap woule yo, se machin moun yo kidnape wi. Gen machin ki ak tout plastik anndan yo. Yo nèf, epi w wè se nan men nèg k ap fè jan de zak sa yo yo ye. »
« Franchman misye gen men politik k ap finanse l. Gen machin Sèvis leta ki nan men l, epitou gen machin vit tente ki konn rantre vin kote l nan zòn nan [à Torcellle] », a-t-elle détaillé.
Vitelhomme sait comment défier la police
Fin juin, les caïds de Torcellle et de Pernier ont offert un spectacle sans précédent aux autorités locales, particulièrement à la Police Nationale d’Haïti (PNH).
Des jours auparavant, le criminel notoire Vitelhomme avait exigé le retrait de plusieurs véhicules de police qui l’empêchaient d’opérer calmement dans son fief. Un ultimatum de 72 heures de temps avaient été donné par le gangster à la police.
Suite au refus de la PNH de plier à ses exigences, des parages de Tabarre et de Pétion-ville s’étaient réveillés sous les détonations d’armes automatiques le 20 juin dernier.
La situation allait aussi paralyser le bon fonctionnement de la circulation mais aussi le déroulement des examens de la 9ème A.F dans les deux localités susmentionnées. Le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) allait reporter l’épreuve à une date ultérieure pour les écoliers qui siégeait dans la zone de conflit.
En plus, suite à une opération de la PNH à Tabarre 49, plus précisément à Eddy One, le caïd allait attaquer le sous-commissariat de Pernier. Plusieurs véhicules de police étaient partis en fumée, entre autres, et l’espace vandalisé.
Toutefois rappelons que la PNH mène quasi quotidiennement des opérations à Torcellle pour déloger la zone de ces malfrats mais la tâche reste difficile à accomplir. Plusieurs acolytes de Vitelhomme sont stoppés par la police dans plusieurs coins de la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans quelques villes de provinces, malgré cela le gang gagne en force, en nombre et gagne aussi du terrain.