Dans des interviews réalisées avec des responsables d’écoles professionnelles dans la région métropolitaine, la rédaction Netalkole Media a essayé de comprendre d’où vient cette pénurie d’étudiants et de professeurs dans les écoles professionnelles et universités du pays. Pendant que certains parlent du programme humanitaire Parole de l’administration Biden-Harris, d’autres évoquent l’insécurité qui règne depuis des années et qui s’est empiré ces derniers temps.
Le journal Ayibopost a déjà évoqué pas mal de problèmes que subissent les universités de renom dans le pays. Il a parlé d’une plongée significative des inscriptions et une possibilité pour que certaines universités ferment provisoirement leurs portes. Ce phénomène frappe d’autant plus l’Université d’État d’Haïti (UEH).
« Nous assistons à une situation empreinte de profonde déception et d’inquiétudes », analyse à AyiboPost Jean Poincy, vice-recteur académique de l’UEH. « Nous n’écartons pas le danger imminent de mettre fin aux activités provisoirement à cause d’un problème de revenu suffisant pour soutenir l’université », révèle à AyiboPost Evenson Calixte, vice-recteur aux affaires académiques de l’Université Quisqueya.
Ces remarques nous ont poussées à chercher plus d’informations sur les écoles professionnelles du pays. Ainsi, si l’hémorragie touche les universités privées et publiques du pays, cela est encore pire pour les écoles professionnelles qui se plaignent non seulement du contexte d’immigration de masse, mais aussi de l’insécurité dans des endroits clés du pays.
Pour Alliance École Professionnelle, la situation est la même, une baisse considérable dans les inscriptions. Certains étudiants en deuxième année et dans les niveaux supérieurs ont dû abandonner, soit en raison de l’insécurité, ou ils ont laissé le pays à destination des États-Unis, du Mexique, de la République Dominicaine, entre autres.
« Ici, à Alliance École Professionnelle, d’habitude on reçoit beaucoup d’inscriptions, mais cette année, on a constaté une baisse de 20 à 25 %. Je pense que l’administration de l’école va devoir prolonger les inscriptions afin d’avoir un nombre considérable d’étudiants dans les salles de classe », a expliqué une réceptionniste qui affirme n’être pas autorisée à parler au nom de l’école.
Par ailleurs, des étudiants en informatique à Alliance École Professionnelle nous ont confiés que cette hémorragie d’étudiants dans les universités et écoles professionnelles ne va pas s’arrêter aujourd’hui. « Moi aussi, bientôt je vais quitter le pays. Si Biden mwen pa tonbe, m ap lage m yon lòt kote paske isit la pa gen vi. Twòp krim. Nou bouke!»
Le responsable de Communication du Centre de Communication Appliquée (CENACOM), Pierre Miguel Pierre-Gilles explique que l’insécurité joue un rôle dans l’absence des étudiants dans les salles. « Des étudiants déjà inscrits pour des options à la CENACOM ont appelé pour annoncer qu’ils ne peuvent pas se présenter en salle. Certains affirment qu’ils sont en déplacement, car leur quartier est assiégé par des bandits armés, d’autres résidents à Carrefour-feuilles, en Plaine, à Carrefour, parlent du trajet. »
Ce phénomène a aussi affecté les enseignants. Certains d’entre eux étant obligés de résilier leur contrat avec l’institution. On se retrouve en difficulté de payer, le peu d’enseignants restant. « À cause de cette baisse considérable des inscriptions à la CENACOM, on est en difficulté de payer le peu d’enseignants restant, puisque plusieurs d’entre eux ont dû résilier leur contrat avec la CENACOM. À mon constat, cette situation pourrait s’aggraver puisque, face à cette situation, des universités de renom du pays pensent à fermer leurs portes provisoirement », explique Pierre Miguel Pierre-Gilles.
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