Nommée en juillet dernier, elle était très critiquée depuis une audition au Congrès en décembre, au cours de laquelle elle n’avait pas explicitement condamné les appels au génocide des Juifs. Claudine Gay, présidente de l’Université Harvard, a annoncé sa démission mardi 2 janvier à la suite d’accusations de plagiat et surtout de critiques sur son témoignage lors d’une audition au Congrès, au cours de laquelle elle n’a pas pu affirmer sans équivoque que les appels au génocide des Juifs sur le campus constitueraient une violation de la politique de conduite de l’institution.
Mme Gay a annoncé son départ, quelques mois seulement après sa prise de fonctions, dans une lettre adressée à la communauté de Harvard. “Il est devenu évident qu’il est dans l’intérêt de Harvard que je démissionne afin que notre communauté puisse traverser cette période extraordinairement difficile en se concentrant sur l’institution plutôt que sur un individu en particulier”, a-t-elle déclaré dans un communiqué envoyé mardi.
Par ailleurs, elle a appelé la communauté de Harvard à “combattre les préjugés et la haine sous toutes leurs formes, à créer un environnement d’apprentissage dans lequel est respectée la dignité de chacun, et à affirmer leur engagement durable en faveur de l’enquête ouverte et de la libre expression dans la recherche de la vérité”.
Les présidents de Harvard, du MIT et de l’université de Pennsylvanie ont été critiqués en décembre pour leurs réponses juridiques à une série de questions posées par Elise Stefanik, représentante de l’État de New York, qui demandait si “l’appel au génocide juif” violait le code de conduite des institutions.
Les trois présidents avaient été convoqués devant la commission de l’éducation et du travail de la Chambre des représentants, dirigée par des républicains, pour répondre aux accusations selon lesquelles les universités ne protégeaient pas les étudiants juifs, alors que les craintes d’antisémitisme augmentent dans le monde entier depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Claudine Gay a alors répondu : “C’est possible, selon le contexte”, avant d’ajouter : “Si c’est dirigé contre une personne. Avant d’ajouter : Quand la rhétorique antisémite se transforme en intimidation et en harcèlement (…), nous agissons.” “Cela ne dépend pas du contexte, la réponse est oui, et c’est pourquoi vous devriez démissionner”, lui a dit le politicien républicain à la fin de l’échange.
Mme Gay s’est ensuite excusée, déclarant au journal étudiant The Crimson qu’elle s’était laissée entraîner dans un échange houleux lors de l’audition de la commission parlementaire et qu’elle n’avait pas correctement dénoncé les menaces de violence à l’encontre des étudiants juifs. “Ce que j’aurais dû avoir la présence d’esprit de faire à ce moment-là, c’est de revenir à la vérité qui me guide, à savoir que les appels à la violence contre notre communauté juive – les menaces contre nos étudiants juifs – n’ont pas leur place à Harvard et ne resteront jamais sans réponse”, avait-elle déclaré.
Cet épisode a entaché le début du mandat de Mme Gay à Harvard – elle est devenue présidente en juillet – et a semé la discorde sur le campus.
La commission parlementaire a annoncé qu’elle enquêterait sur les politiques et procédures disciplinaires à Harvard, au MIT et à Penn. Des enquêtes fédérales distinctes sur les droits civils ont déjà été ouvertes à Harvard, à Penn et dans plusieurs autres universités à la suite de plaintes déposées auprès du ministère américain de l’éducation.
Notons que Claudine Gay a également été accusée, notamment par les médias conservateurs, de plagiat dans certains de ses travaux universitaires.
Facebook Comments