Madombé Still : “On ne paie pas les musiciens sous prétexte qu’ils jouent pour la gloire de Dieu”

Jephte Pascal
ParJephte Pascal- Rédacteur
madombé still on ne paie pas les musiciens sous prétexte qu’ils jouent pour la gloire de dieu

Il est parfois difficile de perdurer dans le même chemin si l’on veut obtenir de nouveaux résultats. Madombé Still, originaire de Mapou, est celui qui a dû faire fi du monde évangélique pour se consacrer à un autre style de musique. Le chanteur a expliqué son choix à la rédaction de NetAlKole.

– Parlez-nous un peu de votre parcours musical.

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– ⁠R- J’ai vraiment pris conscience de mon amour pour la musique en 2014.

En 2015, j’ai commencé à jouer du piano et chanter à l’église où je persévérais. En 2018, j’ai décidé de changer mon fusil d’épaule ; j’ai donc quitté l’église pour lancer ma carrière en sortant 2 morceaux : « Yon lòt Ayiti posib » et « Nou ». Depuis, j’ai sorti plusieurs chansons, à savoir : « Mwen vle w », « Ange du paradis », « Lavi sa » et la toute dernière titrée « À vie ».

– Qu’est-ce qui vous définit en tant qu’artiste ?

– ⁠R- Ce qui me définit, je dirais, c’est ma façon d’éprouver et de transmettre de nouvelles sensations, émotions ; de me lancer dans de nouvelles expériences et d’essayer de faire des choses courantes de manière différente. Entre autres, ma vision des choses, car en l’art, je vois l’un des moyens de communication les plus profondes et significatives.

– Pourquoi cette volte-face : de chanteur évangélique à interprète de chansons d’amour ?

– ⁠R- Ce n’est pas un secret pour le commun des mortels, il est vraiment difficile de vivre exclusivement de sa musique en Haïti, surtout quand on est dans le secteur évangélique. Les artistes évangéliques n’ont pas de sponsors ; ils doivent tout faire eux-mêmes. Même si leurs chansons sont populaires, il est difficile pour eux de gagner beaucoup d’argent, ce qui est différent dans le secteur séculier. Vu que je veux faire de la musique une profession, j’étais obligé de faire ce choix.

Il y a un autre problème grave dans ce secteur que j’avais remarqué, en tant que musicien et chanteur : on ne paie pas les musiciens sous prétexte qu’ils jouent pour la gloire de Dieu, tandis que les pasteurs empochent toutes les collectes pour eux et leurs familles. Leurs enfants vont étudier dans les meilleures universités à travers le monde. Puis ils disent aux musiciens de jouer pour la gloire de Dieu.

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C’est l’autre raison qui m’a poussé à choisir d’évoluer dans le secteur séculier afin de pouvoir vivre de mes efforts ; de pouvoir nourrir mes rêves avec mes sueurs. Ainsi, je pourrai gagner de l’argent pour survivre. J’ai donc fais le choix de proposer des chansons d’amour (compas love) parce que l’amour est l’essence même de la vie et parce que cette tendance marche très bien en ce moment.

– Pensez-vous qu’il existe une certaine limite pour la musique évangélique ?

– ⁠R- Non, selon moi. En analysant bien, au contraire, la musique évangélique est dotée de quelque chose de particulier qui lui permet de traverser toutes les frontières pour converser avec tout le monde. Ce n’est pas donné à toutes tendances.

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– Quels sont les défis les plus récurrents du secteur évangélique selon vous ?

– ⁠R- Selon moi, les défis les plus récurrents du secteur évangélique sont:

– ⁠Le manque de sponsors : tant que les artistes et musiciens ne sont pas traités à leur juste valeur, ils continueront à déserter. À cela, s’ajoute le manque d’encouragement de la part des responsables d’église. Si seulement les pasteurs encourageaient les fidèles à participer aux concerts et à encourager les artistes du secteur avec la même ferveur qu’ils le font pour les offrandes, la dîme, entre autres, les choses seraient différentes.

– D’autre part, les médias manquent d’influences et leur fonctionnement ne séduit pas vraiment les artistes émergents.

– Qu’essayez-vous de réaliser à travers votre musique ?

– ⁠R- Premièrement, je voudrais que ma musique parle aux gens. Je voudrais qu’elle soit une source de bonheur et/ou de réconfort pour le public. En plus, je souhaite conquérir le monde pour faire non seulement faire la fierté d’Haïti, mais aussi pour vivre pleinement la vie que j’ai toujours rêvé.

– Que considériez-vous comme un apogée pour votre carrière?

– ⁠R- D’abord, arriver à conquérir tout le pays avec ma voix, ensuite, arriver à séduire le monde.

 

Crédit photo : Colas Photography

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Jephte Pascal
Par Jephte Pascal Rédacteur
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Homme de lettres. Étudiant à la Faculté de Linguistique Appliquée de l'UEH. Rédacteur sportif de NetAlKole Media ainsi que présentateur de Pale Boul.