Le Figaro n’a pas pu trouver mieux pour présenter l’image d’Haïti. Encore une fois, un journal (français) s’amuse à ternir les couleurs du pays à travers des photos scandaleuses et insultantes.
Dans son article titré “Washington « optimiste » sur une force internationale pour Haïti”, publié le 26 octobre dernier, le quotidien Le Figaro a pris le soin d’illustrer Haïti, ou la crise qu’elle traverse, avec l’image d’un homme – un sans-abri ou un fou – qui cherche sa nourriture dans un tas d’immondices.
Si la représentation auparavant est passée inaperçue, elle a attiré l’attention particulière d’une citoyenne. Depuis Jérémie, dans le département de la Grand’Anse, Namiero a signalé la publication dans un commentaire sur Whatsapp.
“Mwen panse se malonèt sa. Se sèl foto Le Figaro jwenn poul prezante Ayiti.🇭🇹🖤”, a-t-elle déclaré avec dégoût et regret.
En effet, publié par Le Figaro avec AFP (Agence France-Presse) le 26 Octobre 2022, à 23:13, l’article en cause dénigre tout le sens même du territoire haïtien et de ses habitants.
Même si son contenu étale les démarches actuelles de la communauté internationale pour une meilleure prise en charge de la sécurité en Haïti, la photo n’a aucun rapport avec le sujet.
Malheureusement, il n’y a pas mieux !
Au moins une dizaine de sites web de médias étrangers ont publié des contenus similaires à celui de Le Figaro, mais ont préféré mettre en premier plan des images capturées lors des dernières manifestations contre le pouvoir en place dans les rues de Port-au-Prince, particulièrement de Delmas.
France 24, Tribune de Genève, MSN, Flioboard, Le Devoir ou encore Reddit ont, quant à eux, abordé le sujet avec des représentations objectives.
Mais rappelons que les médias français ont souvent tendance à présenter le pays avec des mauvaises prises de vue. Le cas de Radio France Internationale (RFI), qui avait résumé Cap-haïtien avec l’image d’un vieil édifice en juillet 2021, lors des préparations des funérailles de l’ancien président assassiné Jovenel Moïse. Frustrée, la population haïtienne, majoritairement les Capois, avait appelé celle-ci à corriger [modifier] sa publication. Chose qui a été faite.
Une pratique aussi courante chez nos voisins les Dominicains
À plusieurs fois des quotidiens en République dominicaine, via leur site, ont préféré montrer des images du pays ou de certaines personnalités politiques, dans des contextes inappropriés.
Par exemple, le leader du parti politique “Pitit Desalin”, Moïse Jean-Charles avait été insulté le 10 septembre dernier dans les colonnes du journal Listin Diario après avoir été affiché en grand plan dans un article titré “Bandoleros haitianos no gratos en el pais”, par traduction “Les bandits haïtiens ne sont pas les bienvenus dans le pays”.
L’article en question énumérait une liste de bandits qui sont persona non grata en République dominicaine. L’Exécutif dominicain aux commandes du président Luis Abinader avait même numéroté l’ancien Premier ministre et ancien chancelier Claude Joseph premier sur cette liste, qui comprenait plus d’une dizaine de hors-la-loi qui terrorise jusqu’à date Haïti. M. Abinader les voit comme une menace pour son territoire.
Si la nouvelle était confirmée et plus qu’attendue, l’emprunt d’image avait toutefois suscité la colère de plusieurs Haïtiens. Certains avaient même affirmé que Listin Diario faisait un travail précis pour le compte du gouvernement dominicain, et qu’il ne s’agissait pas d’une erreur.
Moïse Jean, supporté par plusieurs personnes y compris Claude Joseph lui-même, avait appelé ledit quotidien à rectifier sa publication et à présenter ses excuses publiques. L’image a en effet été rectifié, mais aucune excuse n’a vu le jour jusqu’à aujourd’hui.