La capitale d’Haïti, Port-au-Prince, cœur battant du pays, s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos. Les affrontements armés qui déchirent la capitale ne sont que la manifestation la plus visible d’une crise bien plus profonde, où la violence n’est pas seulement le fait de groupes armés, mais aussi d’un État qui semble avoir renoncé à protéger ses citoyens. Comment expliquer l’absence flagrante de réaction de l’État face à une situation qui échappe à tout contrôle ? L’État haïtien est-il simplement impuissant ou joue-t-il un rôle plus sombre dans cette tragédie ?
L’insécurité qui règne dans les rues de Port-au-Prince ne vient pas de nulle part. Elle est le résultat d’années de crises politiques et économiques qui ont progressivement érodé les fondements mêmes des institutions démocratiques du pays. Aujourd’hui, ces institutions sont tellement affaiblies qu’elles peinent à remplir leurs fonctions les plus élémentaires. Mais au-delà de cette incapacité, c’est l’indifférence, voire la complicité des autorités qui choque le plus. Alors que la population lutte au quotidien pour sa survie, les dirigeants haïtiens semblent plus préoccupés par la consolidation de leurs pouvoirs et de leurs privilèges.
En effet, alors que les Haïtiens se demandent chaque jour comment ils vont passer la nuit sans être attaqués par des balles, les plus hauts responsables de l’Etat jouissent des avantages de leur position sans se soucier de la population qu’ils sont censés servir. Le contraste entre les conditions de vie des dirigeants et celles du peuple est saisissant : d’un côté, une élite politique engagée dans des luttes intestines pour le contrôle des maigres ressources de l’Etat, de l’autre, une population réduite à vivre dans une extrême précarité, exposée à la violence quotidienne.
Cette situation révèle une vérité amère : l’Etat haïtien, loin d’être protecteur, est devenu complice de la violence qui ravage le pays. En négligeant ses responsabilités, en perpétuant un climat d’insécurité et en détournant des ressources qui devraient être utilisées pour le bien-être de la population, il a contribué à transformer Haïti en un véritable enfer pour ses citoyens.
La paix, ce bien précieux, semble désormais hors de portée des Haïtiens. Mais cette paix ne pourra jamais être atteinte tant que les gouvernants continueront à fermer les yeux sur les souffrances du peuple, ou pire, à exploiter la situation à leurs propres fins. Il est temps que les autorités haïtiennes soient tenues responsables de leurs actions – ou de leur inaction – et qu’elles agissent enfin pour le bien commun. Sinon, Haïti continuera à s’enfoncer dans ce cycle infernal de violence et de désespoir, avec un État qui, loin d’être une solution, est devenu une partie intégrante du problème.