La récente visite de María Isabel Salvador, cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), à la base de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMSS) à Clercine, commune de Tabarre, a soulevé des questions sur l’engagement réel de la communauté internationale en faveur de la sécurité en Haïti. Alors que l’annonce de cette visite était accompagnée de déclarations optimistes sur les progrès réalisés, certains observateurs s’interrogent sur l’impact concret de ces visites de haut niveau.
Les promesses de la communauté internationale
Au cours de sa visite, Mme Salvador, accompagnée de Gilles Michaud, Secrétaire général du Département de la sûreté et de la sécurité des Nations Unies (UNDSS), a participé à une réunion avec le Commandant de la Mission, Godfrey Otunge. Selon le communiqué de presse officiel, la discussion a porté sur le niveau de préparation de la MMSS et sur la livraison prochaine d’équipements supplémentaires. MICHAUD a salué les efforts conjoints de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et du contingent kenyan, soulignant les “gains rapides” obtenus en un mois de collaboration.
Cependant, cette rhétorique optimiste contraste avec la réalité sur le terrain. Malgré des engagements répétés, la situation sécuritaire en Haïti reste précaire, les gangs armés continuant à faire des ravages dans de nombreuses régions du pays. Les livraisons promises d’équipement militaire et de formation ne semblent pas avoir atteint les niveaux espérés, ce qui soulève des doutes quant à l’efficacité de la mission de l’ONU.
Un soutien suffisant ?
Le commandant Otunge a exprimé sa gratitude pour le soutien de l’ONU et a déclaré que la visite de María Isabel Salvador était un signe de l’engagement de l’organisation. Cependant, les critiques soulignent le manque de transparence et de clarté quant aux résultats tangibles de cette mission. Les défis liés au renforcement des capacités de la PNH et au partage d’expertise sont énormes et nécessitent plus qu’une simple présence diplomatique.
De plus, certains analystes se demandent si les autorités haïtiennes, notamment le directeur général de la PNH Normil Rameau et le Premier ministre Garry Conille, ont réellement les moyens de mener une lutte efficace contre les gangs. Les éloges de la communauté internationale semblent souvent déconnectés des réalités politiques et économiques auxquelles le pays est confronté.
L’engagement, un défi permanent
La visite du chef de l’UNIHRO soulève une question fondamentale : la communauté internationale est-elle réellement prête à investir les ressources nécessaires à la stabilisation d’Haïti, ou s’agit-il d’un engagement superficiel sans action concrète ?
Le peuple haïtien mérite plus que des promesses, il mérite une action résolue et soutenue qui tienne compte de ses besoins et de ses défis spécifiques. Pour que la mission de l’ONU réussisse, elle doit aller au-delà des visites symboliques et s’engager réellement sur le terrain, en étroite collaboration avec les acteurs locaux, pour apporter un changement réel et durable.
La réponse à cette question pourrait déterminer l’avenir de la sécurité en Haïti et la crédibilité des Nations Unies dans la région.