CULTURE

Carnaval – Pérennisation de la tradition, la Mairie de Port-au-Prince s’engage 

Une fois de plus, le carnaval traditionnel haïtien ne se tiendra pas, selon une note officielle du gouvernement d’Ariel Henry. Mais, Port-au-Prince veut pérenniser la tradition. 

Le mardi 15 février, la Mairie de la commune a officiellement lancé les activités autour de l’organisation du carnaval prévu du 28 février au 2 mars 2022. Ce sujet – qui est devenu polémique autant que politique – fait l’objet de vives critiques chaque année et la Mairie en fait une belle affaire. 

Nombreuses sont les causes avancées pour justifier l’annulation du Carnaval National, parmi lesquelles : la Covid 19, l’insécurité qui s’intensifie au quotidien, le kidnapping entre autres. Ces crises, comme tant d’autres, ne sont au rendez-vous que lorsqu’il s’agit du Carnaval, comme disait l’autre : « Malere, malerèz pa nan fèt », certains internautes se posent même la question : ‘‘Et si on organisait le Carnaval à El Rancho ?’’. Une question qui se justifie par les diverses soirées tenues en ce lieu alors que la Covid, l’insécurité ou encore le kidnapping sont toujours de mise.  

Vu d’un autre angle, cette histoire polémique créée autour de l’organisation du Carnaval National est beaucoup plus politique. L’organisation du Carnaval Régional de Jacmel est un élément de justification, avec ou sans Covid, l’événement se tient régulièrement. N’est-ce pas ? Mais, celui de Port-au-Prince fait souvent objet de débat surtout quand le secteur privé des affaires ne s’entend pas avec le gouvernement en place. Ce fut le cas en 2004 et plusieurs années au cours de la présidence de Jovenel Moïse. À chaque fois, il y a une campagne polémique contre la tenue du Carnaval.

  

Ceux qui s’opposent au Carnaval ont un argument important et très apprécié : ‘‘C’est l’argent de nos taxes qui organise le carnaval…’’ Ils ont raison, mais c’est aussi l’argent de nos taxes qui paie ceux qui travaillent au Sénat, à la Primature et dans les diverses institutions gouvernementales qui ne servent presque plus à rien. Par contre, avoir raison ne veut pas absolument dire être juste.  

Considérant l’aspect commercial du Carnaval, il serait plus juste d’imposer un ultimatum pour la promotion d’un événement rentable et qui promeut les valeurs du pays, pour la mise en place d’un vrai département au sein du ministère de la Culture en charge de cet événement. Il serait aussi important que les communautés des réseaux sociaux engagent un mouvement pour structurer le Carnaval. 

Cette fête traditionnelle ne peut disparaître de la culture haïtienne. Comme l’a fait la Mairie de Port-au-Prince, il serait préférable de pérenniser la tradition. Non pas pour un Carnaval qui promeut uniquement les débauches, mais aussi la culture, car Haïti a une culture très riche. L’histoire de transférer le budget du Carnaval à celui de la santé pour la construction des hôpitaux ou à celui de l’éducation pour la construction d’écoles et d’universités est un raisonnement hypocrite. Pourquoi ne pas exiger une révision du budget des élus qui, visiblement, ne font absolument rien pour l’évolution et le développement de ce pays.

  

Pour expliquer la démarche de la Mairie de Port-au-Prince, Jean Richard Joseph, membre du comité précise que : « L’organisation du carnaval municipal, cette année, s’inscrit dans une logique visant à maintenir cette tradition dans la vie des Port-au-princiens ». Cette initiative de soutien au Carnaval est intéressante et elle le serait encore plus si la Mairie organisait une fête qui redonne l’envie et qui serait plutôt rentable, au point de vue financier et de l’image positive du pays. 

Ray est un jeune web entrepreneur et journaliste évoluant dans le monde du multimédia. Il est un passionné de la technologie et de ses sciences connexes.