La route nationale #2, un vol direct pour le paradis ou pour l’enfer ?

Pooshy Rosana
ParPooshy Rosana- Rédacteur

La route nationale numéro 2 (RN2) est presqu’inaccessible depuis au moins 3 ans pour la simple raison que les gangs qui logent dans la troisième circonscription de Port-au-Prince terrorisent tous ceux ou celles qui s’y aventurent. Emprunter cette voie, c’est affronter la mort dans une partie d’échec où l’on sait déjà que sa chance de survie ne tient qu’à un fil.  

À Martisssant, Village de Dieu, Gran Ravin et Tibwa, les affrontements armés sont quotidiens, et se sont malheureusement les civils qui en fait les frais. 

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En début de semaine encore, une personne est morte à l’hôpital après avoir été touchée mortellement par balle à bord d’un bus de la compagnie de transport “Voix des anges”, et plusieurs autres sont sorties blessées.  

Le bus assurait la liaison entre Port-au-Prince et les Cayes, et a été pris pour cible sur la route de Martisssant. 

L’antre du diable est sur la route nationale #2 

L’insécurité est fortement influencée par cette zone rouge comme le “sang”, d’où Martyr-Sang. Pas un jour ne passe sans qu’une personne soit blessé, tué ou kidnappé par les hors-la-loi qui contrôlent les quartiers de la 3ème. 

Aussi, des véhicules dont de marchandises sont détournés par ses malfrats qui contrôlent le long de la RN2. 

Izo, Manno, Ti lapli ou encore Bougòy : ce sont, entre autres, les “alias” de chefs de gangs qui donnent froid dans le dos. À eux seuls ils paralysent le bon fonctionnement de presqu’une partie du pays : la péninsule sud, et leurs victimes sont des centaines !  

Depuis l’inaccessibilité de la route nationale #2, de nouvelles modes de fonctionnement s’imposent. Peu de véhicules pratiquent cette voie infernale ; pour relier Port-au-Prince aux départements du Sud, des Nippes et de la Grand ‘Anse, d’autres alternatives s’imposent à prix d’or : avion ou bateau.  

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Des compagnies de transport comme “Dieu qui décide” suspendent leurs activités par précaution.  

Outre, beaucoup de résidents ont préféré fuir les zones occupées par ses caïds, même si d’autres préfèrent rester malgré le chaos, serait-ce par résignation ou par désir ?  

À Martisssant, que des bandits, pas de policiers 

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Depuis l’occupation totale de la 3ème circonscription de Port-au-Prince par les gangs de Martisssant, Village de Dieu, Gran Ravin et de Ti bwa, en juin 2021, l’absence des forces de l’ordre est plus que constatée. Et aujourd’hui, la PNH brille par son absence dans ses quartiers défavorisés, et encore plus dans le sous-commissariat de Martisssant, qui a été pris en otage par des bandits, puis vandalisé. 

Ce 1er juin 2022 ramène le premier anniversaire de blocage de Martisssant par les chefs de gangs. Débloquer l’entrée sud reste un défi pour la PNH.  

En décembre 2021, des individus armés de Gran Ravin, supporté par les acolytes de Izo à Village de Dieu, avaient occupé l’espace pour y mettre le feu après. 

Aussi, des matériels de la police ont été saisies par les malfrats, dont des uniformes. Et depuis, le sous-commissariat de Martisssant est abandonné à la merci des balles perdues, des plantes sauvages, des chiens errants, et est aussi servi de poste de contrôle par les bandits. 

L’échec de l’opération du 12 mars, le coup de grâce qui a affiché les faiblesses de la PNH 

Qui d’entre nous oubliera ce vendredi sombre ? L’échec de l’opération du 12 mars 2021 est sans précédent dans la liste des défaites de la PNH face aux hors-la-loi. 

5 policiers ont été tués à Village de Dieu, ce de façon tragique : des cadavres troués de projectiles et lynchés pour certains. Des images qui ont été diffusées en direct sur les réseaux sociaux particulièrement Facebook, par le chef de gang Izo, lui-même.  

Nous sommes en juin 2022, leurs dépouilles ne sont toujours pas récupérées par l’institution policière qui avait promis des répliques, supportée par l’ex président Jovenel Moïse. 

“Ti mesye nan Vilaj de Dye yo m ap di nou sa pou m fini, ranje kò nou, n ap rive sou nou”, avait lancé l’ex président Jovenel Moïse suite au sinistre, sans savoir qu’il allait mourir assassiner en sa résidence privée à Pétion-Ville quelques mois plus tard, le 7 juillet 2021.  

Et depuis, les cas de violence ont connu une intensification de dernier niveau. “Si un chef de l’État n’est pas épargné par l’insécurité qui le sera réellement ?”, l’interrogation des Haïtiens.  

Certes, les criminels sont partout dans les artères d’Haïti, mais la 3ème circonscription de Port-au-Prince – tout comme l’arrondissement de la Croix-des-Bouquets – abritent les criminels notoires les plus protégés du récit actuel. Et ce n’est pas la Police Nationale d’Haïti qui va [pourra] les mettre hors d’état de nuire car elle-même est mal équipée comparée aux gangs.

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Pooshy Rosana
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Pooshy Rosana, journaliste-rédacteur à Netalkolemedia, caricaturiste et graphiste. Parallèlement, coach fitness. Adore la culture populaire, les documentaires et la musculation.