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La corruption institutionnalisée, un fléau qui ronge l’EDH

L’affaire de détournement de fonds à l’Électricité d’Haïti (EDH) révèle une fois de plus la profondeur des failles institutionnelles qui gangrènent le pays. Cinq caissiers de cette institution sont accusés d’avoir orchestré le détournement de plus de vingt-deux millions de gourdes, entre janvier 2021 et janvier 2022. Cet acte de corruption, rendu public par un rapport de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), met à nu une pratique récurrente dans les institutions publiques haïtiennes, où le contrôle des ressources et des procédures semble être un concept flou.

Ce détournement de fonds, facilité par l’utilisation de « codes secrets » pour manipuler le logiciel de gestion des fonds de l’EDH, met en évidence l’absence criante de supervision rigoureuse et de mécanismes de sécurité fiables. Loin d’être un cas isolé, cette affaire pourrait n’être que la partie émergée d’un réseau de pratiques frauduleuses au sein des institutions publiques.

Les montants détournés varient d’un caissier à l’autre, allant de cent trente-cinq mille gourdes à plus de dix-sept millions de gourdes. Cela démontre la facilité avec laquelle les employés ayant accès aux systèmes financiers de l’État peuvent détourner des fonds sans éveiller immédiatement les soupçons. Le plus inquiétant est peut-être le fait qu’une seule employée, Naomi Cantave, ait pu détourner une somme aussi colossale de dix-sept millions de gourdes, ce qui laisse penser que de telles pratiques sont peut-être plus courantes qu’on ne le pense.

Au-delà de l’indignation légitime que suscite cette affaire, elle soulève des questions fondamentales sur la gestion des institutions publiques haïtiennes. Comment se fait-il que de telles malversations puissent se poursuivre pendant une année entière sans qu’aucune alarme ne soit déclenchée ? Les systèmes de contrôle interne sont-ils inexistants ou tout simplement inefficaces ? Et que dire des mécanismes de recrutement qui permettent à des personnes sans scrupules d’occuper des postes aussi sensibles ?

La corruption est un cancer qui ronge le tissu économique et social d’Haïti. Chaque gourde détournée est une perte pour la population, qui attend des services de base comme l’électricité, souvent précaires voire inexistants. Le rapport de l’ULCC recommande des poursuites judiciaires à l’encontre des cinq caissiers impliqués, mais il est essentiel d’aller au-delà des mesures punitives. Une réforme en profondeur des structures de gestion des finances publiques est impérative pour prévenir ce type d’abus à l’avenir.

Cette affaire, aussi choquante soit-elle, doit être un signal d’alarme pour les autorités. La lutte contre la corruption ne peut se limiter à des annonces et à des rapports ; elle doit se traduire par des actions concrètes, notamment la mise en œuvre de systèmes de contrôle efficaces, la formation du personnel et l’instauration d’une culture de la transparence et de la responsabilité. Tant que ces conditions ne seront pas remplies, les caisses de l’État resteront vulnérables à de telles pratiques, au grand désespoir du peuple haïtien.

Étudiant en sciences politiques à l'Université Quisqueya, Journaliste-Rédacteur à Netalkolemedia, Publiciste, Humanitaire. Amoureux de la vie et de l'apprentissage.

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