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La France affirme son objection quant au développement de la cryptomonnaie de Facebook en Europe

Le ministre français de l’économie, Bruno le Maire a fait part de ses aversions face au Libra de Facebook en estimant que ce projet mène à la défaillance de la « souveraineté monétaire » des états.

« La souveraineté monétaire de nos nations est en jeu, nous ne pouvons pas autoriser son développement sur le sol européen » a considéré le ministre lors d’une conférence à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur les cryptomonnaies, ces devises qui utilisent la technologie de transmission d’informations sécurisée « blockchain ». Il a aussi parlé de « danger pour les consommateurs » ou encore de « risque systémique » pour qualifier la future devise de Facebook.

Selon Nathalie Janson, économiste et spécialiste des bitcoins à l’école de management Neoma Business School, si 2 milliards d’individus se tournent vers le libra pour une partie de leurs transactions en ligne, « les États risquent de perdre le contrôle sur une partie non négligeable des flux financiers, ce qui les priveraient d’informations importantes pour déterminer la politique monétaire à mener.

Dans le cas où cela arriverait, Natalie Janson a fait remarquer que Facebook serait trop gros pour couler (de facto too big to fail) comme ces banques que les États ne peuvent pas laisser faire faillite de peur de déstabiliser toute l’économie. Si l’empire bâti par Mark Zuckerberg venait à s’effondrer, l’argent que les utilisateurs auraient gardé dans leur portefeuille virtuel Calibra – géré par Facebook – « ne serait pas couvert par une garantie de l’État, comme ce peut être le cas avec les comptes en banque, et les pertes pourraient affecter toute l’économie, c’est aussi ce risque systémique dont parle Bruno Le Maire »

D’autre part, cette monnaie pourrait être intégrée aux messageries WhatsApp, Instagram et Messenger. Or, le rapprochement de ces services est préoccupant pour les autorités antitrust. « Libra est proche d’un cartel », a aussi jugé Yves Mersch, membre du comité exécutif de la Banque centrale européenne le 2 septembre. « Le libra sera très centralisé avec Facebook et ses partenaires comme seuls émetteurs souverains de la monnaie », a-t-il commenté, en référence aux vingt-sept associés de Libra : Visa-Mastercard, Uber, Spotify, Lyft, eBay, Vodafone, Paypal, Free (dont le fondateur, Xavier Niel, est actionnaire du Monde)… peut-on lire sur le Monde

Dans un entretien accordé au quotidien La Croix, Bruno le Maire demande au secteur des progrès rapides et appelant de ses vœux l’essor d’une « cryptomonnaie publique », capable de concurrencer le libra gérée par les banques centrales. Par ailleurs, l’entreprise Facebook a en ligne de mire les pays en développement, dont les monnaies sont parfois instables et où les habitants ont recours à des transferts d’argent depuis l’étranger. Sur cette activité, les prix et les délais pratiqués par les banques sont insatisfaisants, a d’ailleurs concédé M. Le Maire.

RÉDACTION : Stéphanie JOSEPH

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