SOS : Nos monuments historiques meurent

Guerby Jean
Par Guerby Jean

Vestige d’un passé héroïque, nos moments historiques sont les témoins de notre histoire. Gardiens de la mémoire de notre culture, nos ambitions de grandeurs, nos monuments qui témoignent notre fierté meurent sous les regards sinistres des responsables.

Haïti est une terre qui regorge de beaux coins culturels et touristiques. C’est le pays qui abrite la Citadelle Laferrière, le Palais Sans Souci ; des vestiges d’un passé collectif, des racines historiques qui créent des liens communautaires. Entre absence d’éducation au patrimoine et défit de protection, nos monuments historiques meurent à petit feu dans le silence des autorités locales qui peinent à initier un plan global de protection.

L’oublie ou l’ignorance des valeurs culturelles des moments historiques

Comme l’a dit Albert Mongonès, architecte haïtien, créateur du monument emblématique ‘‘Le nègre marron’’ (Nèg Mawon), une statue en bronze d’un esclave en fuite exposée, au champ de Mars, à Port-au-Prince : « La majeure partie des citoyens ne perçoivent pas les éléments de leur patrimoine national comme des trésors collectifs à préserver, mais plutôt comme des propriétés privées associées d’une manière ou d’une autre aux gouvernants, qui souvent, agissent en tyrans, disparaissent ou sont rejetés. La population cherche alors à faire disparaître tout ce qui était, de près ou de loin, associé à ces gouvernants ». Il avait affirmé ceci lors de la quête de sauvegarde des patrimoines qu’il a entretenue avant sa mort en avril 2002.

Ce message de Mongonès, aussi ancien qu’il soit, malheureusement est vivant en 2022, où la valeur des monuments est foulée aux pieds. En plus de la mort des valeurs intellectuelles, les valeurs historiques des monuments succombent à leur tour.

Des quatres coins du pays, la pérennisation des monuments historiques n’est pas un crédo. Les grottes engendrent plus de peur que d’émerveillement chez les haïtiens, les différents forts construits après l’indépendance, le Parc National Historique Citadelle Sans-Souci Ramiers, autant de sites qu’on oublie de plus en plus les valeurs culturelles, artistiques et historiques.

Sauvegarder les monuments, une cause commune

Puisque que les monuments historiques ont un statut juridique particulier destiné à les protéger pour leur intérêt historique, artistique, architectural et technique, leur protection est une affaire de tous. Ils doivent bénéficier de la protection de tous les secteurs, en commençant par l’État, au moyen des investissements pour stopper leur agonie et par les citoyens, par souci de pérennisation de la mémoire collective.

Néanmoins, c’est  l’institut de sauvegarde du patrimoine national (ISPAN), qui est l’organisme qui se voue à cette tâche. Les faibles moyens dont il dispose ne correspondent pas à la hauteur de cette tâche qui demande beaucoup de moyens financiers pour encadrer nos patrimoines. 

Les Forts, jetés aux oubliettes, se déclinent. Leur statut de ‘‘monument historique’’ se détériore. Enfoui dans les crises de toutes sortes, le pays perd ses repères historiques.

Nos monuments sont considérés comme notre mémoire collective. Ils traduisent les liens indéfectibles et historiques qui nous soudent les uns aux autres. Lieux de rencontre de notre identité, ils témoignent le passage de ceux qui nous ont précédé, qui ont tracé la voix vers un modèle de grandeur d’esprit. Entre autres, la campagne de fortification du pays entreprise par le père de la Patrie (Dessalines) au lendemain de l’indépendance avait un objectif protecteur et fortificateur. Le devoir d’aujourd’hui c’est de pérenniser ces images historiques.

Facebook Comments

- Advertisement -
Partagez cet article