Le calvaire des déplacés qui se sont réfugiés à Delmas 5 

Guerby Jean
ParGuerby Jean

Depuis plusieurs mois, des dizaines de personnes, fuyant l’insécurité, se sont installées à Delmas 5 dans la cour de la paroisse de Saint-Yves. Dans ce camp, hommes, femmes et enfants vivent ce qui n’est pas dissociable de l’enfer. Ces gens lancent un cri de cœur pour leur réhabilitation dans un nouveau quartier.  

Ces rescapés de l’insécurité, pour la plupart, ont assiégé la cour de la chapelle depuis plus de 7 mois, disent-ils. Entre conditions difficiles et faibles moyens, ils vivent ce qui s’avère être un enfer, selon leur témoignage et le panorama des lieux. Lors des interviews accordées à la rédaction de Netalkole Media, ces derniers, ne comptant pas retourner dans les zones qu’ils ont dû abandonner sous la pression des coups de feu, ont demandé à ce que les responsables possèdent à leur réhabilitation dans un nouveau quartier. 

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Les circonstances de leur déplacement forcé 

La plupart des gens qui résident dans ce camp intenable sont venus des quartiers populaires de Bas-Delmas et du centre-ville. « Avant d’atterrir ici, j’habitais à la rue Saint-Martin », a déclaré une jeune femme qui faisait du commerce dans son quartier. « Je vendais tranquillement mes boissons gazeuses dans mon dépôt. Ma vie était stable. Des hommes armés l’ont envahi ; je n’ai rien pu sauver », a-t-elle déclaré (dans sa langue maternelle, traduite par la rédaction).  

Cette jeune femme, comme tant d’autres, avait une vie qu’elle estimait être assez paisible, aussi précaire qu’elle était. Elle était tranquille avant qu’elle se fait déposséder de tous ses biens et obliger de s’embarquer dans cette quête de survie dans cet abri construit en partie de petites tentes éparpillées dans chaque recoin de la cour. 

Dans la foulée, une seconde victime qui vivait à Delmas 2 a ajouté dans un élan de colère apaisée : « Je vivais là-bas avec ma famille tranquillement, puis on est venu nous dire de quitter la zone, alors on s’est retiré ». Mère de six enfants, tous vivent dans l’abri avec elle. « C’est difficile de les envoyer à l’école, vu la précarité économique », dit-elle. 

Par ailleurs, ce grand déplacement a notamment touché les personnes âgées, qui sont nombreuses dans la cour. Elles disent avoir, elles aussi, survécu aux pressions des affrontements entre gangs. Le prix qu’elles payent aujourd’hui est plus que catastrophique quand on jette un coup d’œil sur la façon dont elles vivent. 

Ces déplacés vivent un quotidien invivable 

À l’entrée de la cour, sont massées ces quelques personnes âgées qui déshabillent des yeux le désespoir qui empreigne les lieux. Espérant, entre autres, d’être réhabiliter à leur tour par l’Organisation Internationale de la Migration (OIM) qui a déjà intervenu en ce sens pour plusieurs dizaines de famille. 

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Depuis cette rentrée, l’observation de la condition humaine remue l’esprit. Des tentes, des draps ou tapis de tout genre sont garnis pour parer les coups de soleil. À chaque espace visité sur les lieux, se font remarquer d’autres déplacés qui, malgré cette quantité considérable observée, ont été beaucoup plus nombreux selon les témoignages. 

En plus des déplacés qui se sont abrités sous les tentes dans la cour, d’autres sont perchés dans un bâtiment inachevé qui abrite la cour. À l’entrée, le sol rugueux dit long sur la situation de ces derniers qui disent qu’en plus des mauvaises conditions de logement, ils ne mangent pas régulièrement à leur faim. Comme cette femme (mère des six enfants) qui, revendiquant avec une assiette de riz, a affirmé : “Yon ti manje m sot achte la”. Anba goumen m sot fè resèt », tout en reprochant certaines organisations qui, à un moment, leur venaient en aide mais ne répondent plus à l’appel depuis un certain temps. 

L’assistance humanitaire des organisations  

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Plusieurs organisations ont déjà visité les espaces et ont fait le diagnostic des lieux, en l’occurrence OIM, Médecin Sans Frontières, la Croix Rouge Haïtienne, pour ne citer que ceux-là.  

Ces gens affirment que l’organisation ‘‘Médecin sans frontières’’ fait du mieux qu’elle peut, en intervenant dans les prises en charge sanitaire. En effet, elle prodigue des soins aux femmes âgées particulièrement, comme cette septuagénaire qui affirme avoir eu quelques troubles de santé assoupie par les interventions de l’organisation sanitaire. D’autres affirment que les interventions de La Croix Rouge prend leur cas en considération. Des kits alimentaires leur ont été attribués et des couvertures pour parer le froid des nuits. « Bon ti bagay », ont-ils ajouté avec un air d’espoir. 

Quant aux enfants, un groupe d’appui psychologique intervient régulièrement pour des séances de thérapie. Comme l’avait préconisé Jean Wilner Louis, Psychologue clinicien, professeur de psychologie à l’université d’État d’Haïti, lors d’une interview accordée un peu plus tôt à la rédaction : « la méthodologie de cette intervention doit-être centrée sur le bien-être des enfants », selon lui. 

Toutefois, leur réhabilitation est le principale point qu’ils tiennent à soulever en pointant du doigt l’OIM qui, selon eux, est responsable du processus, mais traîne le pas. Notons que plusieurs dizaines de déplacés ont déjà été réhabilités, que ce soit ceux de la cour de Saint-Yves ou ceux du parc Celtique non loin de Solino, un autre abri ou sont perchés des déplacés venus de la Ruelle Mayard principalement après les événements tragiques survenus dans la zone.  

Par ailleurs, vu leur nombre considérable, certains déplacés doutent qu’ils aient été recensés par l’organisme de la migration qui intervient dans la recherche d’une nouvelle maison d’habitation pour ces derniers. Ils souhaiteraient, par-dessus tout, être comptabilisés au budget de l’OIM. 

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